Qu’est-ce que cette phrase réveille en vous? Est-ce qu’elle fait écho à ce que vous vivez ou est-ce que, au contraire, vous la lisez avec envie ?
Extraordinaire, qui sort de la moyenne, de la règle, qui n’est pas courant. C’est bien sûr un abus de langage destiné à vous faire réfléchir d’une autre manière: et si l’extraordinaire devenait l’ordinaire ? Si l’exceptionnel devenait la norme ? Et si on s’émerveillait un peu plus ?
Allez, elle a encore fumé
Mais non, je vous assure, tout est une question d’état d’esprit. C’est facile à dire mais moins facile à mettre en place, surtout quand on ne sait pas par où commencer. Alors, voici quelques pistes.
Trouver le positif dans chaque journée
Et oui, c’est possible ! On appelle ça la gratitude. C’est une pratique qui ne coûte vraiment rien, sauf l’effort d’y penser une fois par jour. Un concept important à retenir ici est que la gratitude n’est pas toujours reliée à une personne. On a tendance à penser que la reconnaissance suit un acte mais, en réalité, nous avons en général beaucoup de choses très simples pour lesquelles nous pouvons exprimer de la gratitude tous les jours.
Je parle ici de pratique car, comme un sport, c’est dans la répétition que vous allez puiser tout le positif. Ce positif, c’est une transformation de notre vision des choses, de notre état d’esprit. C’est énorme comme pouvoir, vous ne trouvez pas ? Et on l’a tous en nous !
Mouais, et tu arrives à être positive quand tu as eu une journée horrible, toi ?
Tout d’abord, c’est important de relever le fait que ce n’est pas parce qu’on pratique la gratitude tous les jours qu’on n’aura plus jamais de mauvaise journée. Bien sûr qu’il y aura des jours difficiles où le positif ne sera pas évident à trouver. Nous avons tous et toutes plutôt tendance à voir ce qu’on n’a pas, ce que nous ne sommes pas, plutôt que tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes. Si on rajoute à cela l’attrait au drame des médias et nos biais de négativité, on n’est pas sortis de l’auberge.
Le biais de négativité, c’est un vieux truc qui nous reste de nos ancêtres Cro-Magnons . Ça date hein? Eh bien, on ne s’en est toujours pas débarrassés. En effet, retenir le négatif, ce qui pose problème, plutôt que ce qui va bien, est sensé nous tenir à l’affut d’un danger. C’est encore notre petite hypophyse qui joue les justicières alors que, franchement, on ne risque plus de se faire écraser par un mammouth au détour d’un chemin (enfin, à priori). Donc, quand on passe une journée de boulot idyllique et qu’à la fin de la journée, tout ce qu’on retient, c’est le commentaire désagréable d’un client mécontent, on peut remercier notre hypophyse et son biais de négativité.
Ensuite, j’en reviens à ce que je disais plus haut : la gratitude n’est pas toujours liée à une personne. Avoir de la gratitude, de la reconnaissance, c’est aussi dire merci à la vie de manière générale. Pas besoin d’être très spirituel pour croire que le beau peut se trouver partout, et surtout dans les choses simples de la vie qu’on prend souvent pour acquises.
On commence par dire « Merci pour … » ou « Aujourd’hui, j’ai été heureux ou heureuse de… » et puis on se laisse porter
On se laisse porter, oui, mais par ce qui nous a apporté de la joie aujourd’hui. Evitez les généralités du style « merci pour ma santé », aussi vrai cela soit-il. Réfléchissez plutôt à pourquoi vous êtes heureux de votre bonne santé aujourd’hui. Le problème des généralités, c’est qu’à force de les répétez, on risque se lasser et l’exercice perdrait du sens. « Merci pour ma santé qui m’a permis une balade de 10km aujourd’hui », « Merci pour ma santé grâce à laquelle j’ai pu gérer un Montagne des Pyrénées sans me faire mal au dos ». Vous allez voir, une joie en amène une autre. Par exemple, à la gratitude précédente, je peux ajouter « merci pour les propriétaires à l’écoute », « merci pour la gentillesse du chien pendant la radio », « merci pour la radio qui n’a pas planté », « merci d’avoir fini 15min en avance sans me presser » et ainsi de suite.
Pratiquer la gratitude, c’est rentrer dans un cercle vertueux.
La gratitude, c’est aussi remarquer les petites choses à côté desquelles on passe habituellement, tous happés que nous sommes dans nos vies chargées et super connectées. « Merci pour le ciel bleu », « merci pour l’odeur de printemps », « merci pour la chaleur du soleil sur mon visage », « merci pour le sourire reconnaissant de monsieur untel », et j’en passe ! Vous allez voir, la gratitude, c’est magique, après quelques jours, vous vous ferez la réflexion « Tiens, ce moment-ci fera partie de mes gratitudes du jour! ». Et hop, vous serez passé du côté des positivaholics (oui, j’ai tenté d’inventer un mot devant vos yeux ébahis).
Réservez-vous un moment pour faire le point dans la journée.
Avant de vous coucher, prenez 5 minutes pour poser par écrit toutes ces choses qui vous ont apporté de la joie dans la journée. Ça vous permet de vous réserver un moment sans écran avant d’aller vous coucher et, en plus, de vous endormir avec de la positivité plein la tête.
Au début, vous allez peut-être trouver vos gratitudes un peu ridicules. C’est normal, on n’a pas l’habitude de mettre en lumière des évènements qu’on considère aujourd’hui comme acquis et banals. Mais si vous n’aviez pas accès à ces gratitudes ? Et si vous n’aviez même pas la possibilité de les remarquer ? Aussi petite soit-elle, une joie est une joie et mérite son petit moment de gloire.
Alors pensez-y, une fois par jour, et 3 semaines plus tard, vous aurez la chance d’en avoir fait une habitude.
La gratitude, ça se partage !
Exactement comme je le fais via cet article ! La pratique de la gratitude a tellement changé ma façon d’aborder mon quotidien que je ne pouvais que vous partager ces infos.
Pour tout vous dire, avec des amies, on a créé un groupe WhatsApp intitulé « Gratitudes », sur lequel on partage nos joies du quotidien, nos projets excitants, nos souvenirs heureux. Notre petit combat contre nos biais de négativité. C’est vrai, le positif entraine le positif. C’est quand même génial de se dire que vous pouvez apporter de la valeur dans votre quotidien et dans le quotidien des personnes qui vous entourent.
Alors, vous aussi, vous êtes prêt.e à voir l’extraordinaire dans l’ordinaire ? Qu’est-ce qui vous a apporté de la joie aujourd’hui ?
Prenez soin de vous,
Des clients mécontents, un animal qui décède en hospitalisation, un autre pour lequel on n’a pas trouvé de diagnostic, une impossibilité de recevoir une urgence, et j’en passe… Les vétérinaires jonglent très régulièrement avec cette émotion.
A quoi ça sert, la culpabilité ?
Eh oui, elle a un rôle ! Elle nous permet de faire attention à l’autre et, de manière plus générale, à vivre en société. L’objectif de la culpabilité, c’est de nous donner l’impulsion de réparation. L’impulsion d’agir différemment si cette même situation se présente à nouveau ou de réparer la faute commise. Cette impulsion se veut constructive et est donc tout a fait saine.
Saine, peut-être, mais pas très agréable…
C’est vrai, et dans un métier où on fait déjà beaucoup attention à l’autre, il est vital de savoir gérer cette émotion.
Il y a deux façons d’aborder la culpabilité: en la trouvant justifiée, ou non.
Par exemple, imaginons que je culpabilise qu’une consultation se soit mal passée, le client est parti fâché. Est-ce que ma culpabilité est justifiée ou est-ce que j’en demande trop à moi-même ? Est-ce que je m’approprie une responsabilité qui ne m’appartient pas ou ai-je réellement mal réagi ?
Dans son livre « Les quatre accords toltèques », Don Miguel Ruiz décrit quatre règles de vie pour se libérer des souffrances inutiles. Un de ces accords est « Quoi qu’il arrive, n’en faites pas une affaire personnelle ». Par là, l’auteur entend que lorsqu’une personne vous parle mal, elle vous transmet ses propres insécurités et ses propres croyances limitantes. Si un client nous trouve donc incompétent, par exemple, c’est SA vision des choses, elle lui appartient.
Don Miguel Ruiz écrit dans son livre « Ce que vous pensez, ce que vous ressentez, c’est votre problème, pas le mien. C’est votre façon de voir le monde. Cela ne me touche pas personnellement, parce que vous n’êtes confronté qu’à vous-mêmes, pas à moi. D’autres auront une opinion différente, selon leur système de croyances.»
Vétérinaire, c’est un métier plein d’empathie. On veut venir en aide et on se met facilement à la place de l’autre. Parfois, on a tendance à dépasser la limite du « ceci appartient à l’autre » mais on ne peut pas tout s’approprier dans le but de soulager.
Qui n’a jamais été confronté au client manipulateur qui nous fait revoir tout notre système de valeurs en quelques minutes de consultation? Celui ou celle qui nous fait accepter des choses très limites ou carrément inacceptables à force de culpabilisation?
Ces situations n’arrivent heureusement pas tous les jours, mais peuvent créer une dynamique malsaine si la culpabilité engendrée reste enfouie au fond de nous.
Y a-t-il une bonne dose de culpabilité ?
Il y existe en tous cas des extrêmes! Les personnes ne ressentant aucune culpabilité sont qualifiées de sociopathes mais il existe aussi des personnes ressentant la culpabilité à l’excès.
L’effet Dobby (oui, comme dans Harry Potter), c’est une culpabilisation excessive qui nous rend responsables de tout. Ces personnes peuvent s’arrêter aux « flagellations mentales » mais d’autres en viennent aux blessures physiques et, dans les deux cas il advient de chercher de l’aide. La culpabilité ne doit pas être nocive, s’en vouloir de tout n’est pas normal. Vous êtes humain.e, vous faites des erreurs et c’est ok ! La culpabilité ne doit pas asservir mais donner l’impulsion de vouloir s’améliorer.
Communiquez !
Parlez de cette culpabilité, surtout si vous n’arrivez pas à l’analyser seul. Votre interlocuteur vous apportera peut-être une autre façon de voir les choses ou vous prêtera simplement une oreille attentive, et ça fait déjà du bien.
Commencer une phrase en nommant une émotion peut donner un sentiment de vulnérabilité. Je préfère voir ça comme de l’honnêteté, et c’est ce que vous souhaitez de la part de la personne en face de vous aussi, ça tombe bien !
C’est donc une fausse ennemie, la culpabilité ?
Exactement. Elle n’est pas confortable mais nous demande une réflexion et, si elle est justifiée, une amélioration pour de meilleurs rapports sociaux. Il n’y a donc pas de honte à la ressentir car, je peux vous l’assurer, tout le monde l’a ressentie, la ressent et la ressentira. Alors, non, vous n’êtes pas « nul.le », vous apprenez, simplement et continuellement.
L’effet papillon?
Non, je parle bien de Pygmalion. C’est le titre d’une pièce de théâtre de Georges Bernard Shaw qui raconte l’histoire de deux personnes qui se mettent en tête de transformer une fleuriste en Lady aux manières irréprochables. L’opération est considérée comme impossible de par la différence de classes sociales, mais ils y arrivent néanmoins.
Tu vas nous parler théâtre et de classes sociales maintenant?
Alors non, vous vous en doutez. Pygmalion est le nom choisi pour nommer un phénomène de psychologie qui va vous faire prendre conscience que vous avez le choix de vos réussites et de l’influence sur celles des autres.
Robert Rosenthal et Leonore Jacobson, psychologues tous les deux, décidèrent un jour de tester des étudiants sur leurs capacités. L’objectif était simple: entrainer des rats à traverser un labyrinthe. Tous les rats étaient identiques et choisis arbitrairement, mais ce n’est pas ce qu’ils dirent aux étudiants. A la première moitié des étudiants, ils dirent que leurs rats avaient été sélectionnés pour être plus rapides et à la seconde moitié, que leurs rats avaient été sélectionnés pour être plus lents.
Les résultats furent surprenants: alors qu’il n’y avait aucune raison pour que ce soit le cas, les rats du deuxième groupe étaient moins rapides que les rats du premier groupe.
C’est de la magie?
Non, tout a reposé sur le regard qu’ont porté les étudiants sur l’expérience. Les étudiants du premier groupe ont montré plus d’enthousiasme avec leurs rats que les étudiants du second groupe, qui se considéraient perdants d’avance. Les rats du premier groupe se sont donc plus facilement dirigés vers la sortie en comparaison aux rats du deuxième groupe qui étaient plus négligés.
Ok, ça marche avec les rats, mais pour les humains? On ne nous fait pas traverser un labyrinthe !
Les mêmes psychologues se sont rendus dans une école et ont réitéré l’expérience.
Le concept était similaire. Les psychologues ont fait passer un test de potentiel de réussite scolaire aux enfants et se sont arrangés pour que leurs enseignants aient accès aux résultats, prétextant un défaut de réception de courrier. Les résultats étaient bien sûr faussés: 20% des élèves avaient reçus un résultat surévalué et étaient considérés comme « haut potentiel ».
A la fin de l’année, le même test fut repassé aux élèves. Les résultats étaient clairs: les élèves ayant été surévalués avaient bien plus progressé que les autres.
Pourquoi? De la même manière qu’avec les rats: grâce à l’attention et l’enthousiasme porté par les enseignants sur ces élèves.
Vous voyez maintenant le lien avec la pièce de théâtre ? La fleuriste qui, par la croyance en son changement, devient duchesse.
L’effet pygmalion, c’est une boucle de croyances autoréalisatrices: nos actions envers les autres ont on effet sur les croyances des autres sur nous-mêmes, ce qui génère des actions particulières des autres envers nous-mêmes. Ceci renforce nos croyances sur nous-mêmes et influence nos actions envers les autres. La boucle est bouclée.
Mais du coup, en quoi est-ce que j’ai la mainmise sur mes réussites ? Tu nous dis que ça dépend aussi très fort de comment les autres nous perçoivent !
Ce qui est merveilleux avec l’effet Pygmalion, c’est de comprendre que nous pouvons avoir un impact sur la réussite de notre entourage mais nous pouvons également prendre conscience de nos capacités ! Nous avons tous la possibilité d’obtenir ce qu’on veut de la vie, il suffit d’y croire.
Vous avez déjà entendu parler de système de croyance? Non? Et bien c’est le moment.
C’est globalement un système qui a le pouvoir de tout créer mais également de tout détruire, et on en est le maître. Ça fait un peu peur, je vous l’accorde.
Ce système est composé de trois croyances différentes: les croyances limitantes, les croyances ressources et les croyances neutres.
Pour faire la différence entre ces différentes croyances, on se pose la question « est-ce que cette croyance est utile pour mon épanouissement ou est-ce qu’elle constitue un obstacle? »
Lorsqu’une croyance est un obstacle, on parle de croyance limitante. Si une croyance nous aide dans notre épanouissement, il s’agit d’une croyance ressource. Une croyance neutre est, comme son nom l’indique, une croyance qui n’a pas d’impact sur notre épanouissement.
Pour vous donner un exemple, une croyance ressource serait par exemple « je suis persuadé que je peux y arriver, c’est dans mes cordes». A l’inverse, une croyance limitante serait « je n’ai pas les capacités pour y arriver. ».
Ça serait plus simple si on n’avait pas ces croyances limitantes!
On est bien d’accord! La bonne nouvelle, c’est que ça ne tient qu’à vous. Vous êtes maîtres de comment vous percevez les choses et des croyances en lesquelles vous choisissez de croire.
« Si un élément externe vous fait souffrir, votre douleur n’est pas causée par cet élément en tant que tel mais par votre propre jugement de cet élément; et vous avez le pouvoir d’annuler ceci à tout moment. » C’est pas moi qui l’ai dit, c’est Marc Aurèle. Et il l’a dit il y a un bon paquet d’années.
Tout commence par une prise de conscience bien sûr, parce que si on n’a pas conscience de ses croyances limitantes, c’est un peu compliqué de travailler dessus. Ces croyances expriment en général une dépréciation, une impuissance ou un désespoir. « De toute façon, ça ne changera rien », « je ne vais pas y arriver », « je ne mérite pas de faire ça », « je suis trop jeune/ je suis trop vieux », « je n’ai pas les capacités », … On généralise des situations, on omet des informations car elles sont trop contradictoires à nos croyances, on suppose, on juge hâtivement. Bref, pas mal de biais qui ne font que nous renforcer dans ces croyances.
Une fois qu’on a mis le doigt sur une croyance limitante, on se pose la question de « comment est-ce que cette croyance me fait me sentir? ». Dans la majeure partie des cas, les émotions mises en avant sont plutôt désagréables. Si cette croyance perdure depuis des années, il y a probablement une raison derrière cela – quelle est-elle?
Ensuite, on enfile les lunettes de l’optimiste et on fait le postulat inverse à cette croyance. Est-ce possible de penser à l’opposé? Permettons-nous d’instaurer le doute. Cette méthode a un nom: la méthode Coué (je parle pas de l’animateur). On n’élimine pas une croyance, on la remplace. Une croyance limitante devient ressource à partir du moment où on y croit.
Après, on décortique. On réfléchit à ce qui pourrait nous aider à inverser la tendance dans notre tête. Soyons graduels, pas besoin de passer de rien à tout en un jour! Par exemple, si votre croyance limitante est que vous ne serez jamais bon en dermatologie, un premier pas serait de regarder 1x/semaine une conférence de dermatologie, lire sur le sujet ou encore de prendre le temps de parler un peu plus en détails de sujets comme la prévention contre les parasites externes lors d’une visite de bonne santé. Mettez-vous des objectifs réalisables et allez-y étape par étape. Vous prendrez inévitablement en confiance et monterez les échelons vers l’abolition de votre croyance limitante.
Ce processus peut nous faire sortir de notre zone de confort, ou plutôt de notre zone de « connu », et nous amène à modifier un système de croyances qui a mis parfois plusieurs années à se construire ! On peut réussir du premier coup ou pas, et recommencer. L’important est de continuer à essayer, à travailler pour son épanouissement en gardant en ligne de mire que la finalité de ce changement est de se faire du bien. « L’échec ne signifie pas que vous êtes un échec. Ça signifie juste que vous n’avez pas encore réussi » (Albert Einstein, je m’inspire de chouettes personnes).
C’est fantastique, vous avez l’opportunité d’être acteur/actrice de votre réussite et de celle des autres, que vous soyez gestionnaire de structure, vétérinaire ou ASV ! Alors, c’est parti !
Prenez soin de vous,
« J’ai eu de la chance », « J’ai juste fait les bonnes études », « J’ai rencontré les bonnes personnes au bon moment », « J’ai juste beaucoup travaillé »
Les premières personnes qui ont parlé de « syndrome de l’imposteur », c’est les psychologues Pauline Clance et Suzanne Imes en 1978.
Dans leur article « The imposter phenomenon in high achieving women: Dynamics and therapeutic intervention. », les psychologues sont rentrées en contact avec 150 femmes ayant « bien réussi » (Bon, on est en 1978, donc va adopter la notion de réussite de l’époque. Dans cet article en tous cas, on parle de nanas avec PhD, diplômées avec les honneurs, reconnues comme excellentes dans leur domaine, etc).
Aux questions concernant leur réussite, la majorité de ces femmes répondaient de façon surprenante: elles attribuaient cette réussite à des facteurs extérieurs à leurs capacités. La « chance », les « bonnes circonstances »,…
Fausse modestie? Mh, bonne question!
Lorsque leurs collègues reconnaissaient leur valeur et louaient leur travail, ces femmes avaient l’impression qu’elles étaient surestimées et cela induisait du stress, de l’anxiété. En effet, elles avaient la sensation d’avoir « dupé » quiconque les pensaient vraiment excellentes dans leur domaine. Vous me voyez venir à 100 à l’heure: elles avaient l’impression d’être des impostrices (et oui, on peut même dire imposteresse ou imposteuse).
En résumé, le phénomène de l’imposteur consiste, comme Coline Musel le disait dans la vidéo sur le sujet, en un ensemble de croyances qui amène à ne pas s’approprier ses accomplissements.
Mais à quoi est-ce qu’on pense concrètement dans ces cas-là?
Premièrement, on a l’impression de tromper son monde, de ne pas être à la hauteur mais de faire « comme si ».
Ensuite, lorsqu’on réussi quelque chose, on attribue ce succès à des facteurs extérieurs comme la chance, le hasard ou la facilité de la tâche. Par contre, les échecs, on n’a pas de soucis à se les approprier, ils sont d’office de notre faute et nous renforcent dans notre idée d’incompétence.
Troisièmement, puisqu’on ne s’attribue pas ces réussites, on a peur d’être démasqué la prochaine fois qu’on nous demandera d’effectuer une tâche similaire ou plus difficile.
Les personnes ressentant ce phénomène ont en général une notion rigide de la performance, de la réussite: soit je suis compétent.e, soit je suis imposteur / impostrice mais il n’y a pas d’entre-deux.
On peut retrouver également une notion de culpabilité face à la réussite car « je ne le mérite pas ».
Evidemment, tout cela amène de l’anxiété, une peur importante de l’échec.
Ouhlala mais je coche toutes les cases ! Je suis donc malade?
Mais non, rassurez-vous, vous ne souffrez d’aucun trouble mental. Le terme utilisé par Pauline Clance et Suzanne Imes a d’abord été « phénomène de l’imposteur », qui a été plus tard modifié en « syndrome » par les médias.
Mais du coup, sur quoi je dois bosser pour surmonter ça?
Oui, alors, cette partie-là est plus subtile.
Dans la littérature, on retrouve plusieurs causes possibles: l’influence des attentes sociétales, les stéréotypes de genre ou encore l’environnement familial (idéalisation de l’enfant ou, à l’inverse, absence de valorisation des capacités de l’enfant, comparaison entre enfants,…)
Vous voyez que ce sentiment peut émerger suite à toute sortes d’expériences personnelles. Il est donc difficile de vous donner une réponse précise – uniquement des pistes de réflexion puisque ce phénomène est tout à fait singulier et personnel. Une personne peut se sentir constamment imposteur / impostrice et une autre ne peut le sentir que dans des moments très limités.
Tu parles uniquement des femmes dans cet article, c’est un phénomène qui ne concerne donc que les femmes?
Bien sûr que non! Selon la littérature, environ 70% des humains, femmes et hommes, ont ressenti le syndrome de l’imposteur à un moment de leur carrière. Arrêtons-nous deux minutes sur ce nombre: 70% ! La majorité des gens que vous rencontrerez l’ont ressenti à un moment donné dans leur vie. Oui oui, même le spécialiste ou le collègue qui a l’air de super bien gérer n’importe quelle situation. Déjà, on se sent moins seul.
Alors, comment je fais maintenant pour reprendre le pouvoir de mes accomplissements?
D’abord, autorisons-nous à lever le masque. On se sent imposteur / impostrice dans certaines situations et c’est OK! Souvenez-vous qu’il s’agit d’un ressenti et non d’un fait: vous vous sentez imposteur / impostrice, vous ne l’êtes pas pour autant.
Bon, du coup, on a nommé ce qu’on ressentait. Ça, c’est fait.
Ensuite, il s’agit de l’exprimer. En ouvrant la discussion, on se compte qu’on n’est loin d’être les premiers à s’être sentis dans l’imposture à un moment de notre vie. « Ah oui t’inquiète, moi aussi quand j’ai commencé la pratique, je me sentais pas du tout à ma place – limite quand on m’appelait Docteur, je me retournais pas! ».
Ne vous attendez pas pour autant à l’approbation des autres à tous les coups: vous en parlez pour vous, pour extérioriser quelque chose qui vous chipote et, d’une certaine manière, pour l’exorciser. N’essayez pas de plaire à tout prix, on ne plait jamais à tout le monde sans porter de masque – libérez-vous de cette charge!
« Le pouvoir de ses accomplissements », Céline, t’abuses pas un peu?
Mais non, mais non. En anglais, on utilise le terme « empowerment » – terme qui ne se traduit pas en français et c’est bien dommage. On remarque que « power » (le pouvoir en français) se retrouve au centre de ce mot.
Mais qu’est ce que c’est que ce mot louche? Il existe plusieurs définitions d’empowerment: en économie ou en politique par exemple mais aussi en développement personnel. Il s’agit d’un processus qui nous permet de prendre le contrôle de notre vie. Incroyable hein? Je m’explique: il s’agit de mettre en avant nos envies, nos besoins et nos valeurs et de prendre des décisions positives pour nous, même si pas toujours facile à affirmer auprès de la collectivité. L’objectif est d’en arriver à une meilleure estime de soi et une meilleure confiance en soi et à se détacher de l’avis des autres. Il s’agit donc de convertir l’intention en action qui nous fait du bien.
Alors, est-ce qu’il ne s’agit pas d’un vrai « pouvoir » que de s’attribuer le mérite de ses accomplissements?
Mais Céline, j’aime pas parler de moi et de mes émotions aux autres, je suis condamné ?
Évidemment non! Tentez l’écriture: posez tout ce qui vous passe par la tête sur papier. Faites-le de façon régulière ou plus sporadiquement quand vous en ressentez le besoin. Dressez la liste de vos réussites, soyez factuels: « aujourd’hui, j’ai stérilisé une chienne sans problème, j’ai enchainé une matinée de consultation sans stress, j’ai stabilisé une urgence, j’ai recontacté tous les propriétaires des animaux hospitalisés dans les temps,… ». Personne ne vous lira, alors allez-y! Vous vous rendrez compte que vous assurez pas mal de choses dans la vie de tous les jours, plein de choses qu’on a tendance à banaliser. Ne diminuez pas vos accomplissements, ce qui est facile pour vous aujourd’hui était probablement difficile pour le « vous » d’il y a quelques années.
Vous l’avez deviné, il faudra passer par une phase d’introspection. Ah, c’est pas toujours agréable d’analyser ses émotions, je vous l’accorde. On les rangerait bien dans un tiroir fermé à double tour « pour plus tard ». Mais « plus tard », c’est quand ?
Alors refaisons le tour de notre récit intérieur. Comment je me sens, et pourquoi je pense me sentir comme ça ? Est-ce que j’ai conscience de certaines croyances qui seraient limitantes? On a tendance à l’oublier, mais les échecs ne sont pas une preuve d’incompétence mais une énorme source d’apprentissage !
Soyez bienveillant envers vous-même. Vous vous sentez imposteur / impostrice parfois depuis plusieurs mois ou années, c’est normal que le travail prenne un peu de temps. Et s’il est difficile à surmonter seul, vous pouvez évidemment chercher de l’aide auprès d’un expert de la santé mentale ou en coaching.
Alors, qu’est-ce que vous avez accompli aujourd’hui?
Prenez soin de vous,
Le sujet du bien-être t’interpelle? Tu as envie de te renseigner et d’apprendre des concepts de gestion émotionnelle? Tu es au bon endroit!
La pratique de la médecine vétérinaire peut s’accompagner de sentiments très agréables mais aussi désagréables. Dans ces cas-là, on a parfois du mal à gérer, on le cache aux autres et à nous-mêmes, ce qui nous y fait penser parfois encore des mois après. Sur iV, on a envie d’ouvrir la discussion. Ces sujets bien-être qui animent nos soupers entre vétos, on a eu envie de vous les partager ici.
On a la chance de vivre à une époque où le bien-être au travail prend une place de plus en plus importante et c’est logique! Un collaborateur plus heureux travaillera mieux et plus longtemps au même endroit. C’est donc bénéfique pour chaque partie.
Ici, on a envie de partager avec vous des concepts qui nous ont fait grandir et qui nous ont permis d’être plus à l’aise dans notre pratique de tous les jours. Dans la même optique que pour les conférences cliniques, on a eu envie de demander l’avis d’experts, de professionnels du coaching et de la santé mentale afin de t’offrir le meilleur conseil possible.
Tu retrouveras nos vidéos, nos articles et nos podcasts, quand tu le veux et où tu le veux. Alors installe-toi confortablement et commençons ensemble cette belle aventure!