L’effet papillon?
Non, je parle bien de Pygmalion. C’est le titre d’une pièce de théâtre de Georges Bernard Shaw qui raconte l’histoire de deux personnes qui se mettent en tête de transformer une fleuriste en Lady aux manières irréprochables. L’opération est considérée comme impossible de par la différence de classes sociales, mais ils y arrivent néanmoins.
Tu vas nous parler théâtre et de classes sociales maintenant?
Alors non, vous vous en doutez. Pygmalion est le nom choisi pour nommer un phénomène de psychologie qui va vous faire prendre conscience que vous avez le choix de vos réussites et de l’influence sur celles des autres.
Robert Rosenthal et Leonore Jacobson, psychologues tous les deux, décidèrent un jour de tester des étudiants sur leurs capacités. L’objectif était simple: entrainer des rats à traverser un labyrinthe. Tous les rats étaient identiques et choisis arbitrairement, mais ce n’est pas ce qu’ils dirent aux étudiants. A la première moitié des étudiants, ils dirent que leurs rats avaient été sélectionnés pour être plus rapides et à la seconde moitié, que leurs rats avaient été sélectionnés pour être plus lents.
Les résultats furent surprenants: alors qu’il n’y avait aucune raison pour que ce soit le cas, les rats du deuxième groupe étaient moins rapides que les rats du premier groupe.
C’est de la magie?
Non, tout a reposé sur le regard qu’ont porté les étudiants sur l’expérience. Les étudiants du premier groupe ont montré plus d’enthousiasme avec leurs rats que les étudiants du second groupe, qui se considéraient perdants d’avance. Les rats du premier groupe se sont donc plus facilement dirigés vers la sortie en comparaison aux rats du deuxième groupe qui étaient plus négligés.
Ok, ça marche avec les rats, mais pour les humains? On ne nous fait pas traverser un labyrinthe !
Les mêmes psychologues se sont rendus dans une école et ont réitéré l’expérience.
Le concept était similaire. Les psychologues ont fait passer un test de potentiel de réussite scolaire aux enfants et se sont arrangés pour que leurs enseignants aient accès aux résultats, prétextant un défaut de réception de courrier. Les résultats étaient bien sûr faussés: 20% des élèves avaient reçus un résultat surévalué et étaient considérés comme « haut potentiel ».
A la fin de l’année, le même test fut repassé aux élèves. Les résultats étaient clairs: les élèves ayant été surévalués avaient bien plus progressé que les autres.
Pourquoi? De la même manière qu’avec les rats: grâce à l’attention et l’enthousiasme porté par les enseignants sur ces élèves.
Vous voyez maintenant le lien avec la pièce de théâtre ? La fleuriste qui, par la croyance en son changement, devient duchesse.
L’effet pygmalion, c’est une boucle de croyances autoréalisatrices: nos actions envers les autres ont on effet sur les croyances des autres sur nous-mêmes, ce qui génère des actions particulières des autres envers nous-mêmes. Ceci renforce nos croyances sur nous-mêmes et influence nos actions envers les autres. La boucle est bouclée.
Mais du coup, en quoi est-ce que j’ai la mainmise sur mes réussites ? Tu nous dis que ça dépend aussi très fort de comment les autres nous perçoivent !
Ce qui est merveilleux avec l’effet Pygmalion, c’est de comprendre que nous pouvons avoir un impact sur la réussite de notre entourage mais nous pouvons également prendre conscience de nos capacités ! Nous avons tous la possibilité d’obtenir ce qu’on veut de la vie, il suffit d’y croire.
Vous avez déjà entendu parler de système de croyance? Non? Et bien c’est le moment.
C’est globalement un système qui a le pouvoir de tout créer mais également de tout détruire, et on en est le maître. Ça fait un peu peur, je vous l’accorde.
Ce système est composé de trois croyances différentes: les croyances limitantes, les croyances ressources et les croyances neutres.
Pour faire la différence entre ces différentes croyances, on se pose la question « est-ce que cette croyance est utile pour mon épanouissement ou est-ce qu’elle constitue un obstacle? »
Lorsqu’une croyance est un obstacle, on parle de croyance limitante. Si une croyance nous aide dans notre épanouissement, il s’agit d’une croyance ressource. Une croyance neutre est, comme son nom l’indique, une croyance qui n’a pas d’impact sur notre épanouissement.
Pour vous donner un exemple, une croyance ressource serait par exemple « je suis persuadé que je peux y arriver, c’est dans mes cordes». A l’inverse, une croyance limitante serait « je n’ai pas les capacités pour y arriver. ».
Ça serait plus simple si on n’avait pas ces croyances limitantes!
On est bien d’accord! La bonne nouvelle, c’est que ça ne tient qu’à vous. Vous êtes maîtres de comment vous percevez les choses et des croyances en lesquelles vous choisissez de croire.
« Si un élément externe vous fait souffrir, votre douleur n’est pas causée par cet élément en tant que tel mais par votre propre jugement de cet élément; et vous avez le pouvoir d’annuler ceci à tout moment. » C’est pas moi qui l’ai dit, c’est Marc Aurèle. Et il l’a dit il y a un bon paquet d’années.
Tout commence par une prise de conscience bien sûr, parce que si on n’a pas conscience de ses croyances limitantes, c’est un peu compliqué de travailler dessus. Ces croyances expriment en général une dépréciation, une impuissance ou un désespoir. « De toute façon, ça ne changera rien », « je ne vais pas y arriver », « je ne mérite pas de faire ça », « je suis trop jeune/ je suis trop vieux », « je n’ai pas les capacités », … On généralise des situations, on omet des informations car elles sont trop contradictoires à nos croyances, on suppose, on juge hâtivement. Bref, pas mal de biais qui ne font que nous renforcer dans ces croyances.
Une fois qu’on a mis le doigt sur une croyance limitante, on se pose la question de « comment est-ce que cette croyance me fait me sentir? ». Dans la majeure partie des cas, les émotions mises en avant sont plutôt désagréables. Si cette croyance perdure depuis des années, il y a probablement une raison derrière cela – quelle est-elle?
Ensuite, on enfile les lunettes de l’optimiste et on fait le postulat inverse à cette croyance. Est-ce possible de penser à l’opposé? Permettons-nous d’instaurer le doute. Cette méthode a un nom: la méthode Coué (je parle pas de l’animateur). On n’élimine pas une croyance, on la remplace. Une croyance limitante devient ressource à partir du moment où on y croit.
Après, on décortique. On réfléchit à ce qui pourrait nous aider à inverser la tendance dans notre tête. Soyons graduels, pas besoin de passer de rien à tout en un jour! Par exemple, si votre croyance limitante est que vous ne serez jamais bon en dermatologie, un premier pas serait de regarder 1x/semaine une conférence de dermatologie, lire sur le sujet ou encore de prendre le temps de parler un peu plus en détails de sujets comme la prévention contre les parasites externes lors d’une visite de bonne santé. Mettez-vous des objectifs réalisables et allez-y étape par étape. Vous prendrez inévitablement en confiance et monterez les échelons vers l’abolition de votre croyance limitante.
Ce processus peut nous faire sortir de notre zone de confort, ou plutôt de notre zone de « connu », et nous amène à modifier un système de croyances qui a mis parfois plusieurs années à se construire ! On peut réussir du premier coup ou pas, et recommencer. L’important est de continuer à essayer, à travailler pour son épanouissement en gardant en ligne de mire que la finalité de ce changement est de se faire du bien. « L’échec ne signifie pas que vous êtes un échec. Ça signifie juste que vous n’avez pas encore réussi » (Albert Einstein, je m’inspire de chouettes personnes).
C’est fantastique, vous avez l’opportunité d’être acteur/actrice de votre réussite et de celle des autres, que vous soyez gestionnaire de structure, vétérinaire ou ASV ! Alors, c’est parti !
Prenez soin de vous,