Cette bonne amie la culpabilité

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Des clients mécontents, un animal qui décède en hospitalisation, un autre pour lequel on n’a pas trouvé de diagnostic, une impossibilité de recevoir une urgence, et j’en passe… Les vétérinaires jonglent très régulièrement avec cette émotion.

A quoi ça sert, la culpabilité ?

Eh oui, elle a un rôle ! Elle nous permet de faire attention à l’autre et, de manière plus générale, à vivre en société. L’objectif de la culpabilité, c’est de nous donner l’impulsion de réparation. L’impulsion d’agir différemment si cette même situation se présente à nouveau ou de réparer la faute commise. Cette impulsion se veut constructive et est donc tout a fait saine.

Saine, peut-être, mais pas très agréable…

C’est vrai, et dans un métier où on fait déjà beaucoup attention à l’autre, il est vital de savoir gérer cette émotion.

Il y a deux façons d’aborder la culpabilité: en la trouvant justifiée, ou non.
Par exemple, imaginons que je culpabilise qu’une consultation se soit mal passée, le client est parti fâché. Est-ce que ma culpabilité est justifiée ou est-ce que j’en demande trop à moi-même ? Est-ce que je m’approprie une responsabilité qui ne m’appartient pas ou ai-je réellement mal réagi ?

Dans son livre « Les quatre accords toltèques », Don Miguel Ruiz décrit quatre règles de vie pour se libérer des souffrances inutiles. Un de ces accords est « Quoi qu’il arrive, n’en faites pas une affaire personnelle ». Par là, l’auteur entend que lorsqu’une personne vous parle mal, elle vous transmet ses propres insécurités et ses propres croyances limitantes. Si un client nous trouve donc incompétent, par exemple, c’est SA vision des choses, elle lui appartient.
Don Miguel Ruiz écrit dans son livre « Ce que vous pensez, ce que vous ressentez, c’est votre problème, pas le mien. C’est votre façon de voir le monde. Cela ne me touche pas personnellement, parce que vous n’êtes confronté qu’à vous-mêmes, pas à moi. D’autres auront une opinion différente, selon leur système de croyances.»

Vétérinaire, c’est un métier plein d’empathie. On veut venir en aide et on se met facilement à la place de l’autre. Parfois, on a tendance à dépasser la limite du « ceci appartient à l’autre » mais on ne peut pas tout s’approprier dans le but de soulager.
Qui n’a jamais été confronté au client manipulateur qui nous fait revoir tout notre système de valeurs en quelques minutes de consultation? Celui ou celle qui nous fait accepter des choses très limites ou carrément inacceptables à force de culpabilisation?
Ces situations n’arrivent heureusement pas tous les jours, mais peuvent créer une dynamique malsaine si la culpabilité engendrée reste enfouie au fond de nous.

Y a-t-il une bonne dose de culpabilité ?

Il y existe en tous cas des extrêmes! Les personnes ne ressentant aucune culpabilité sont qualifiées de sociopathes mais il existe aussi des personnes ressentant la culpabilité à l’excès.
L’effet Dobby (oui, comme dans Harry Potter), c’est une culpabilisation excessive qui nous rend responsables de tout. Ces personnes peuvent s’arrêter aux « flagellations mentales » mais d’autres en viennent aux blessures physiques et, dans les deux cas il advient de chercher de l’aide. La culpabilité ne doit pas être nocive, s’en vouloir de tout n’est pas normal. Vous êtes humain.e, vous faites des erreurs et c’est ok ! La culpabilité ne doit pas asservir mais donner l’impulsion de vouloir s’améliorer.

Communiquez !

Parlez de cette culpabilité, surtout si vous n’arrivez pas à l’analyser seul. Votre interlocuteur vous apportera peut-être une autre façon de voir les choses ou vous prêtera simplement une oreille attentive, et ça fait déjà du bien.
Commencer une phrase en nommant une émotion peut donner un sentiment de vulnérabilité. Je préfère voir ça comme de l’honnêteté, et c’est ce que vous souhaitez de la part de la personne en face de vous aussi, ça tombe bien !

C’est donc une fausse ennemie, la culpabilité ?

Exactement. Elle n’est pas confortable mais nous demande une réflexion et, si elle est justifiée, une amélioration pour de meilleurs rapports sociaux. Il n’y a donc pas de honte à la ressentir car, je peux vous l’assurer, tout le monde l’a ressentie, la ressent et la ressentira. Alors, non, vous n’êtes pas « nul.le », vous apprenez, simplement et continuellement.